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De VANNES aux champs d'honneur de 14-18

De VANNES aux champs d'honneur de 14-18
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8 mars 2006

DU 11 au 21 AOUT, au 116e RI

Nous avions laissé le 116e Régiment d'Infanterie en Cantonnement aux abords du petit village d'AUTRUCHE . Durant la dizaine de jours suivants, il allait se diriger vers la frontière belge suivant les étapes suivantes rapportées par son HISTORIQUE :

"Le 11 Août, il se porte sur la BERLIERE, où il stationne le 12 et le 13, en prenant un dispositif d'avant-postes. La concentration du XIe Corps étant terminée, la marche en avant commence le 14 Août. Le 116e cantonne ce jour-là à la ferme de LABONNE-MALADE et à YONCQ ; le 15, à THELONNE et CHAUMONT-ST QUENTIN ; le 16 à MAIRY; les 17, 18, 19 à POURU-ST REMY. Le 20, un bataillon se porte sur ESCOMBRES.

Le 21, à 1h45, le régiment reçoit l'ordre de stationner en cantonnement d'alerte avant le jour et de prendre des mesures pour assurer le secret des opérations. Il se met en route à 10h50 et, après une marche pénible, bivouaque dans les bois à 4 kilomètres au sud de BERTRIX (Belgique)."

en_route_pour_le_front_1914

Le "CARNET" du soldat J-M RIO, à qui est dévolue la fonction de "Caporal d'ordinaire", nous en apprend beaucoup plus sur ces différentes étapes et les difficiles conditions vécues par les soldats les derniers jours précédents leur baptème du feu. En voici un court résumé :

Mardi 11 : Départ d'AUTRUCHE au lever du jour en direction de LA BERLIERE. "...Les gens du village, les yeux pleins de larmes, assistent à notre départ ; c'est que, pendant leur court séjour au milieu d'eux, les soldats Bretons ont su s'attirer des sympathie de la population..."

"....La marche est moins pénible que celle du 9. Cependant la poussière nous incommode beaucoup ; à notre passage dans les lieux habités les gens nous présentent des seaux contenant de l'eau additionnée de vin rouge, de café ; certains nous donnent même de la bière, de la liqueur. Une femme nous apporte des oeufs dans une corbeille....."

".... A 500 mêtres de La BERLIERE, il y a une sorte d'alerte : le commandant fait détacher une patrouille sur la droite du village que l'on fouille. A gauche, une section va occuper une position plus forte. Une émotion très vive s'empare de nous ; allons-nous voir l'ennemi ....Ce n'est qu'une alerte ; la patrouille est rappelée et ne signale aucun danger..." ".... J'ai aussi le pourquoi de l'alerte de tout à l'heure. Les habitants ont averti notre pointe que pendant la nuit 500 cavaliers prussiens ont traversé le village à toute allure ... faux bruit sans doute ! ..."

Mercredi 12 et Jeudi 13 :  Cantonnement à LA BERLIERE . Les sections vont à l'exercice à proximité du village. De temps à autre un "aéroplane" est signalé. "... Une croix noire, placée sous chaque aile, c'est un allemand ; un disque tricolore : c'est un français...".

Vendredi 14 : Départ vers 10h00 de LA BERLIERE pour YONCQ en passant par le village de LA BESACE. "... La marche est des plus agréables et se fait sans fatigue...". A YONCQ, des soldats du 17e Corps les rejoignent et demeurent le temps de partager un repas en commun - La section de J-M RIO se voit attribuer pour la nuit une grange , mais une partie des soldats, dont lui-même,  dort en plein air dans un jardin voisin.

Samedi 15 : "... C'est la mi-Aout. Les cloches du village sonnent à toute volée appelant les paroissiens et les soldats au divin office.Mes préoccupations de caporal d'ordinaire m'empêchent d'y assister, cependant ce matin-là j'ai une pensée pour mes soeurs Anne-Marie et Marie dont en ce jour on célèbre la fête...".                                                            L'ordre de départ de YONCQ pour THELONNE est "brusquement" donné vers 16h00 . Une pluie diluvienne, que double un orage,  s'abat pendant près de 2 heures sur la troupe en marche dès au sortir de YONCQ . Après une accalmie, la traversée du village de RANCOURT se fait sous une forte pluie. "...La nuit arrive ajoutant à notre infortune la difficulté de la marche qui ne se fait plus que par saccades. C'est trempé jusqu'aux os, couvert de boue, les pieds brûlants, que nous arrivons au village de THELONNE..." "...Il est au moins minuit quand nous pouvons goûter un peu de repos étendus sur une maigre botte de paille..."

Dimanche 16 : "... Il est 5 heures: debout. Dehors mes camarades font des feux pour sècher leurs capotes et leur linge de corps. J'en fait autant tout en avalant un quart de jus bien chaud à la santé des Boches (Allemands). Il fait bien froid ce matin, enfin il ne pleut pas, estimons-nous heureux..." - A 16h00, l'ordre est donné pour un  départ à 17h00 - C'est à ce moment que JM RIO nous apporte ce triste témoignage   "....l'un de nos camarades est subitement frappé de congestion et tombe sous nos yeux. Vite on lui enlève ses équipements, sa capote ; on avertit le major ; sans se presser celui-ci arrive quelques minutes avant le départ. En voyant le corps déjà glacé de mon camarade, ses doigts crispés, sa poitrine se gonflant à éclater, il hoche la tête, dit quelques mots au commandant et au capitaine qui sont présents, ils font transporter le corps sur une charette comme un chien. Ce spectacle m'attriste profondement ; je me vois moi aussi étendu, mourant, sur le champ de bataille et abandonné de tous... C'est l'esprit rempli de sombres pensées que je quitte THELONNE..." Le régiment atteint les rives de la Meuse et aperçoit au loin la ville de SEDAN. La route longe la ligne de chemin de fer . Dans les villages traversés, il ne reste plus aucun ravitaillement, les troupes les ayant précédées ayant tout pris. Le 116e RI traverse  la Meuse et fait halte .  La nuit tombe, un second pont et c'est l'arrivée au village de DONZY - Le régiment doit faire demi-tour car il s'est trompé de route et finalement se perd dans la nuit noire. Une nouvelle pause, un nouveau départ vers 22h30 et ce n'est qu'à minuit, avoir avoir dû laisser passer le 35e Régiment d'Artillerie que les soldats arrivent au village de MAIRY.

Lundi 17 : "... Au point du jour nous nous remettons en marche encore bien fatigués de la veille ; nos sacs pèsent lourd sur nos épaules, notre estomac est creux et notre musette est vide. On nous distribue à la hâte du pain : c'est à peine (il est douloureux de le dire) si les officiers nous permettent d'acheter du chocolat de conserves dans les villages (Brevilly) que nous traversons..." Arrivée à 8h00 à POURU-ST-REMY. Aucun cantonnement n'étant possible au village, occupé par de la cavalerie, les soldats, exténués de fatigue, doivent poursuivre leur chemin avant de faire halte à nouveau, puis demi-tour et enfin s'installer en cantonnement face à un grand bois (la forêt d'Argonne), le dos tourné au village. Des patrouilles fouillent le bois tandis que JM RIO doit vaquer à ses contraignantes fonctions d'ordinaires contre lesquelles il commence à maugréer.

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Mardi 18 : POURU-ST REMY - Vers 16h00, l'arrivée d'un premier prisonnier (un uhlan capturé le matin même au cours d'une patrouille) provoque un attroupement devant la mairie.

Mercredi 19 : POURU-ST-REMY - Vers 17h00, une vive fusillade est déclenchée par le proche passage d'un biplan qui s'avère après coup être un avion Français et non Allemand. Heureusement, il n'est pas touché.

Jeudi 20 : Aucune note au "CARNET"

Vendredi 21 : Départ à 9h00 sous une chaleur torride, provoquant l'évanouisement d'un soldat de l'escouade de JM RIO et passage de la frontière "...Bientôt nous atteignons le poste de douaniers, ceux-ci montent la garde baïonnette au canon. Encore quelques centaines de mètres et nous atteignons le poteau frontière et la douane belge. A la vue du drapeau de la brave petite nation un frisson me traverse tout le corps, cela me fait quelque chose de quitter le territoire français..." - Traversées de plusieurs villages (Les Aubiers...) - En dépit d'un violent orage , les soldats , sur ordre, doivent continuer leur marche sous la pluie - Vers 15h00 , c'est enfin la halte et l'organisation du bivouac en Forêt de BERTRIX - "...Nous abattons des branches de châtaigniers, de hêtres et de sapins, nous faisons de grands feux, nous séchons tant bien que mal nos effets, mangeons avec appétit quelques côtelettes. Puis nous construisons à la hâte quelques huttes, les uns s’y couchent, les autres font le cercle autour des feux dont les flammes atteignent la cime des arbres. La pluie a cessé de tomber, cependant je ne puis m’endormir car la nuit est très froide. Ah, si vous me voyiez dans cet état !!! Que la guerre est un fléau terrible ! Je fais de tristes réflexions pendant cette nuit marquée cependant par aucun incident..." - On annonce toutefois qu'une patrouille de chasseurs vient d'être, en partie, faite prisonnière par les Allemands. "L'ennemi ne doit pas être loin de nous " note J-M RIO en dernière phrase en ce soir du 21 Août 1914.

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La Forêt de BERTRIX et le Sémois

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7 mars 2006

DANS L'ATTENTE DES BLESSES

Avant même que les premières rencontres meurtrières avec l'ennemi n'aient eu lieu, le Ministère de la Guerre subodorait qu'un grand nombre de blessés devraient être soignés à l'arrière. Les structures hospitalières militaires et civiles existantes étant insuffisantes en nombre de places de lits, on eut recours de réquisitionner et d'utiliser la capacité d'accueil des plus vastes locaux qui existaient à l'époque, et en premier lieu les batiments scolaires. Les installations de ceux-ci s'avéraient d'autant plus faciles que nous étions alors en période de grandes vacances... Et, comme il était prédit que la guerre serait rapidement gagnée, sans doute s'était-on dit  que les enseignants et leurs élèves n'auraient que peu de temps à subir les contraintes résultant de la réduction des locaux qu'on leur laisserait disponibles ...

En l'année 1914, VANNES était doté d'un HOPITAL MIXTE situé au 1 Rue de la Loi (à l'emplacement de l'Ecole de Droit actuelle) , à proximité immédiate de la Mairie et de la Caserne des Trente, et d'une capacité de 260 lits.  L'établissement sanitaire occupait les batiments de l'ancien "Petit Couvent" où s'étaient installées en 1684 les Soeurs de la Charité qui y recueillaient plus particulièrement les "femmes de petite vertu" et autres "filles perdues". Maison d'arrêt sous la Révolution, les lieux étaient devenus Hopital Militaire en 1795 et, dès 1801, l'Administration des Hospices en avait élargi l'accès aux malades civils (d'où son nom). Dans la seconde moitié du XIXe siècle, deux extensions neuves spécifiques allaient être construites, un "batiment des femmes" en 1867, puis un "batiment des hommes" en 1884, d'ailleurs concomittant avec la toute récente construction des casernes. L'Hopital Mixte continuera de fonctionner jusqu'en 1934, date de son transfert définitif dans le nouvel établissement neuf édifié sur les rives de l'Etang au Duc.

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C'est ainsi que la ville a vu très rapidement l'installation d'Hopitaux Complémentaires et Annexes :

Dès le 9 Août, le Collège Municipal Jules-Simon, situé au 24 Place de la Mairie, est réquisitionné et aménagé pour devenir l'Hopital Temporaire n°7 . Sa capacité, originellement de 350 lits, redescendra ultérieurement à 265 lits. Premier établissement ouvert, il parait aussi avoir été le dernier fermé, puisqu'il est attesté, par des courriers, qu'il devait fonctionner au moins jusqu'au 10 Mai 1919.

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Le 12 Août voit l'installation de deux autres établissements :

- l'Hopital Temporaire n°33, plus connu des vieux Vannetais comme "l'Hopital 33", dans les locaux de l'Ancien Séminaire situé sur les bords de l'Etang  au Duc, près de la route de Rennes et jouxtant l'Arsenal, et qui aura une capacité de 420 à 530 lits.

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- l'Hopital Temporaire n°1, dans les locaux de l'Ecole Normale d'Institutrices, sise au 6 Rue de Conleau (aujourd'hui Avenue De Lattre de Tassigny), d'une capacité de 210 à 255 lits et qui fonctionnera jusqu'en Janvier 1919.

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Le 15 Août, l'Hopital Temporaire n°54, d'une capacité de 63 lits,  occupe la Maison Ste Anne, au 14 Rue de Conleau.

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On sait enfin qu'au 26 Aout, l'Ecole Normale d'Instituteurs, au 32 Rue Hoche (l'actuelle Avenue Roosevelt) présentait  un total de 200 lits  sous l'appelation d'Hopital Temporaire n°8.

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C'est dans cette même période que l'aile Sud du Collège Jésuite de Saint-François-Xavier, situé au 3 Rue Thiers, était également réquisitionné et aménagé (sous la référence probable d'Hopital Complémentaire n°88).

Outre ces établissements, il est avéré, au 1er Février 1915, que l'Hopital Dépôt des Convalescents n°5, d'une capacité de 300 lits, fonctionnait dans l'Etablissement des Dames de la Retraite situé au 19 Rue du Mené,   

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tandis qu'à la date du 13 Juillet de cette même année, le Petit Séminaire, installé au 21 Rue de Séné (aujourd'hui Rue Mgr Tréhiou), ex.Hopital Complémentaire 54bis et HopitalD.n°5, d'une capacité de 200 lits, était recensé comme l'Hopital Complémentaire n°62. Il deviendra, à compter de fin Juin 1916, un Dépot de Physiothérapie.

En Gare de VANNES enfin, avait été installée une Infirmerie afin d'apporter des soins en urgence, si besoin était, lors de l'arrivée des Trains Sanitaires.

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(Source principale : site marcophilie56.free.fr (Mr Dominique REYNAUD) à partir des Archives du Musée du Val de Grâce)

6 mars 2006

A LA MAIRIE

Contrairement à une idée encore bien tenace qui voudrait que la Ville de VANNES n'ait toujours été qu'une petite cité bourgeoise "ancrée à droite", les XIXe et début du XXe siècles avaient vu se succéder dans le fauteuil du premier magistrat des personnalités de sensibilités politiques très différentes.

A la déclaration de la guerre, le Maire de VANNES est M.Lucien PRIOU.

Avoué de son état, il avait été le liquidateur des Congrégations sous le ministère de Jules COMBES (durant le mandat municipal de Charles RIOU, élu de 1888 à 1908, l'un des plus longs encore à ce jour) et ne s'était pas attiré, en ces circonstances, que des sympathies de la part de ses concitoyens, dans une ville où l'histoire et son patrimoine avaient été fortement marqués par l'installation de très nombreuses congrégations religieuses. Le 2 Septembre 1904, le Préfet d'alors, M. MOULLE, avait même dû commander à la troupe de monter la garde devant son domicile tant l'émeute grondait dans la ville. Et, quelques années plus tard, le 27 Juin 1912, alors qu'il venait d'être nouvellement élu Maire à la suite d'Eugène LE PONTOIS (1908-1912), son anti-cléricalisme, dont il ne démordait pas, s'était de nouveau brillamment illustré par son refus d'octroyer une subvention municipale à la Fédération des Patronages qu'il avait alors qualifié d'"armes de guerre à outrance aux mains de la réaction" ! ...

Les Vannetais ne sauront toutefois lui reprocher de faillir à son rôle et à ses responsabilités de premier magistrat puisqu'il leur en donnera le plus bel exemple, en décidant de s'engager, et en étant mobilisé durant toute la guerre (de Décembre 14 à Décembre 1918).

En l'absence de M.PRIOU, c'est son Adjoint, M.Charles HOGNON, qui assumera la fonction de Maire et que l'on retrouvera notamment au premier rang des personnalités lors d'un certaine cérémonie du 14 Juillet 1917... Mais n'anticipons pas.

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L'histoire municipale devait également retenir plus particulièrement deux autres Elus de ces années de guerre :

- M.Charles MARIN, ancien Président de la Chambre de Commerce, qui succèdera à M.PRIOU au fauteuil de Maire lors des élections de 1919. C'est lui qui devait commander à l'Architecte et sculteur local E.LADMIRAL la conception et la réalisation du Monument aux Morts qui serait érigé sur le plateau du Jardin de la Garenne, face aux remparts, et inauguré lors des cérémonies du 11 Novembre 1925. Un projet dont il ne verrait pas l'aboutissement, décèdant prématurément en 1924.

- Le Docteur Maxime LETOUX, successeur de M.MARIN. Cet humaniste de grande culture, artiste doué pour la peinture, s'intéressant à la numismatique et à l'archéologie (il était membre de la Société savante Vannetaise de la "Polymathique" depuis ses 18 ans), déclara à l'entrée en guerre laisser vacant son siège de Conseiller Municipal jusqu'à la fin de celle-ci, sur le fait que "l'activité humaine a ses limites" et estimant que son engagement d'élu était incompatible avec le service chirurgical de la Croix-Rouge dont il avait accepté la lourde charge. Son mandat de Maire devait être encore plus bref que celui de M.MARIN, décèdant moins d'un an après son élection.

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4 mars 2006

DU PATRIOTISME ...

On trouvera ci-après quelques exemples en Pays Vannetais représentatifs de cette période d'Août-Septembre 1914 et dont la presse se faisait l'écho :

UNE BELLE FAMILLE

"Une famille qui fournit son contingent de combattants dans la guerre actuelle, c'est la famille GRAVRAND, qui a 5 enfants, dont l'un est prêtre, et 2 gendres sous les drapeaux. Le 6e vient de s'engager : le père et la mère l'approuvent, ce qui fera 8 membres de cette famille qu'on ne saurait trop honorer. Mr et Mme GRAVRAND sont professeurs de musique. Ce dernier, pour utiliser ses instants, est auxiliaire, à titre gracieux, à l'état civil de la Mairie de Vannes. "(LE NOUVELLISTE - Edition du Mardi 18.08.1914)

Après recherche sur le site "Mémoire des Hommes", il semblerait que M. et Mme GRAVRANDaient eu la chance de voir revenir presque tous leurs fils, un seul d'entre eux, Joseph Félix Marie, né le 19 Décembre 1887 à VANNES, 2e classe au 117e d'Infanterie, sera tué le 8 Octobre 1915 à St Hilaire-le-Grand dans la Marne. Quant à leurs gendres ? ...

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A l'annonce et dans les premières semaines de la déclaration du conflit, nombre de volontaires se présentèrent au recrutement, sans attendre leur mobilisation à venir ou en dépit de leur jeune âge. Ainsi à la mi-Septembre :

LA GUERRE ET LES ENGAGEMENTS

"Voici la liste des engagés volontaires reçus au bureau de recrutement de Vannes à l'occasion de la guerre : Jean-Baptiste DUMONS, de Josselin - TESTU DE BALIN, de Mayenne - Pierre De LAMBILLY, de Taupont - Bernard De GOUVELIN, d'Auray - Pierre BROHAN, de Guérande - Pierre L'HERMITE, de Plouharnel - Maurice TROPLONG, d'Auray - Pierre GUIGAIN, de Vannes - Pierre LE MAIGNAN, de Merogal en Josselin - Jean-Marie MARTIN, de Malansac - Jean-Henri LE DIBERDER, de Dinard - Jean-Fresnais De COUTARD, de Pontivy - Marie COUSTIS DE LA RIVIERE, Alphonse-Joseph GUEHO , Antoine RIANT, de Vannes - Louis De GISLAIN DE BOURIN, d'Aillant - Pierre-Victor PIRAN, Yves-Marie TANDE, Henri QUEMERET, de Vannes - Robert De LA PELLE, de Guillac - Benjamin De LA BARRE, de Sarzeau - Fernand FAYOLLE, Adrien JOUAN, Jean-Louis BERNARD, Etienne GONZINI, de Vannes - Jules LE QUINIO, de Sarzeau - Jean-Victor BREDIARN (?), de Brest - Louis ARS, Clovis LE VIAVANT, de Vannes - Henri Du LAURENT DE LA BARRE, de Malestroit - Charles MARCHAND, de Ploermel - Charles LIBAULT DE LA CHEVASNERIE, d'Herbignac - Guy-Léon CHENEVIERE, d'Auray - Pierre BUGNEL, de Vannes - Louis EVAIN, de la Roche-Bernard - Désiré LE LAN, de Billiers - Louis TREMOUREUX et Alain GORAGUER, de Vannes - René GUERIN, de Le Palais - Olivier REGNAULT, de Vannes - Henri KERVOECHE, de Berric - Edouard CRETON, de Vannes - LE SAUSSE Jean, de Vannes - Camille De MALHERBE, de Quimper."

Sur ces 44 volontaires, "Mémoire des Hommes" nous révèle qu'au moins 8 d'entre eux ne devaient pas revenir (noms en gras) au nombre desquels le Sous-Lieutenant du 116e RI Marie Napoléon Gaëtan COUSTIS DE LA RIVIERE, 23 ans, tué le 29 Septembre 1917 au Chemin des Dames (il était né à Commercy dans la Meuse). On s'arrêtera aussi sur le cas du jeune Louis Joseph Marie EVAIN, engagé à 17 ans au 91e d'Infanterie, et qui allait être tué le 25 Janvier 1916 à Clermont-en-Argonne (il était né le 10 Avril 1897 à La Roche-Bernard) ... et qui nous rapproche de ces deux autres très jeunes garçons intégrant des régiments Morbihannais :

LE PLUS JEUNE ENGAGE VOLONTAIRE

"Un journal de Paris croyait avoir découvert le plus jeune engagé volontaire de France ; celui qui lui avait été signalé n'avait que 17 ans et 4 mois. Le journal en question faisait involontairement erreur, car nous avons un conscrit beaucoup plus jeune à lui indiquer : Vital CHAMPION, arrière de football de Nantes (Société Le Vélo), s'est engagé le 24 août dernier, le jour même de ses 17 ans, et est parti au 28e d'artillerie à Vannes le lendemain." (LE NOUVELLISTE - Edition du 12.09.1914).

et

"Monsieur le Directeur du Nouvelliste, Lecteur assidu de votre journal, je voyais vendredi un article concernant les deux plus jeunes engagés volontaires. Or M. le Directeur il en est un beaucoup plus jeune encore, un Lorientais, André RIO, 15 ans 1 mois (enfant de troupe aux Andelys). Dès le premier jour de la mobilisation, il est allé se mettre à la disposition du 62e, rien n'a pu arrêter cet intrépide, infatigable en tout ..." (fin d'article non lisible) (LE NOUVELLISTE - Edition du 15.09.1914).

On peut s'interroger aujourd'hui quand aux limites morales de cette course à la surenchère de la presse et de ses lecteurs dans la recherche du plus jeune engagé... et qui n'était pourtant que le reflet de l'imagerie populaire de l'époque.

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Quant au refus d'enrôlement, celui-ci pouvait trouver une conclusion tout aussi dramatique :

UN PENDU

"Ce matin, des employés de la gare ont trouvé pendu, dans un wagon, un journalier de Pluméliau, Jean-Marie LE DORZE, 37 ans, qui ne pouvait accepter d'avoir été réformé". (LE NOUVELLISTE - Edition du 06.09.1914 - Arrondissement de LORIENT).

Toute guerre engendre son lot d'absurdités ...

1 mars 2006

LE 316e R.I.

Régiment de réserve du 116ème RI , le 316e RI est commandé en ce mois d'Aout 1914 par le Colonel Michel LE CAMUS , ayant pour adjoint de Chef de Corps le Capitaine MOREAU.
Son 5ème Bataillon est placé sous l'autorité du Commandant VUARNET et son 6e sous celle du Commandant GOBILLARD.

A l'inverse du 116e RI qui part directement vers le front, le 316ème se voit affecté en premier lieu au Camp retranché de PARIS, au sein de la 121e Brigade (Général DELARUE) intégrée à la 61e Division (Général VIRVAIRE), où il va se former et s'entrainer . Du 07 au 25 Août 1914 il cantonnera ainsi à Aulnay-sous-Bois.

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Dans son préambule,  l'auteur - anonyme - de l'Historique du 316e ne manque pas d'une certaine originalité d'écriture - touchant à l'imagerie populaire - teinté d'une once de "fibre régionaliste" quant à la présentation des hommes qui composent le régiment. Que l'on en juge :

"Le 316e RI a été mobilisé à VANNES à partir du 2e jour de la mobilisation, c'est-à-dire du 3 aout 1914. Sauf quelques cadres actifs provenant du 116e RI et dont le passage au régiment de réserve de VANNES était prévu par le plan de mobilisation n°17, il est entièrement composé de militaires de la réserve de l'armée active, originaires du Morbihan. Ces hommes ont toutes les qualités et les défauts de leur race, c'est-à-dire qu'ils sont peu expansifs, lents, amis de "la bolée", mais tenaces, fidèles, courageux, disciplinés.Ces caractéristiques seront à peine modifiées par la campagne, et le sang breton aura sa part abondante et généreuse dans les éléments de la victoire finale. On le pressent déjà dans les premières heures de la mobilisation, où les Bretons se présentent avec exactitude et résolution à leurs unités d'encadrement"

Les préparatifs au départ se feront avec rapidité, ordre et méthode, ; au soir du départ (le mercredi 5 , suivant l'Historique, divergeant avec le 7 rapporté par la presse), l'Etat-Major du régiment ayant à sa tête le Colonel LE CAMUS, décrit comme un "vieux colonial plein d'expérience et de foi patriotique" et le 5e Bataillon défilent en direction de la Gare de VANNES "au milieu des acclamations d'un peuple d'habitude silencieux, mais qui ce jour-là veut exprimer à ceux de sa race ses voeux les plus ardents pour la noble cause qu'il vont défendre".

Leur départ a lieu à 21h57, suivi, à 0h57 par celui du 6e Bataillon. Le régiment débarquera dans la nuit du 6 au 7 à la gare de Paris-Vaugirard, cantonnera à l'Ecole Militaire, dans les manèges de l'ilôt Fontenay, avant de rejoindre Aulnay-sous-Bois le 7 en traversant tout Paris. Les deux sections de mitrailleuses, les équipages et le personnel du Train Régimentaire, quant à eux, ne quitteront VANNES qu'au 9e jour de la mobilisation, soit le lundi 10 Aout.

C'est au petit matin du 28 Aout , à Ginchy, dans la Somme, que le Régiment , par ses 18e et 19e Compagnies, recevra son baptème du feu, et va subir ses premières pertes, y déplorant la mort du Capitaine Victor Marie Edmond Paul BROUSSEY (Cdt de la 19e Cie) qui était natif de Troyes.  Le régiment sera dissous le 15 juin 1916, les soldats rejoignant alors les 264e et 265e RI pour former leur 3e bataillons.

Au nombre des jeunes hommes qui rejoignaient ainsi en cette soirée d'Aout la Gare de VANNES, beaucoup ne devaient plus revoir le Pays Vannetais, tels :

- le Lieutenant Emile Jean Marie LE GAL , né le 31 Janvier 1885 au bourg de Pluméliau, tué à l'ennemi le 08 Septembre 1914 à Betz , près du village de Villers Saint Genest (Oise), "porté disparu".                                                                

- le 2e classe Alban Marie Joseph LE BRUN, né le 1er Mai 1886 à Elven, tué ce même 8 Septembre à Villers-St-Genest

- le 2e classe Alexandre Jean Marie MARTIN, de la 19e Cie, né le 19 Mai 1885 à Muzillac, tué à l'ennemi le 20 Septembre 1914 à Bitry (Oise)

- le Caporal Jean JEHANNO, né à Colpo le 5 Décembre 1884, décédé le lendemain 21 Septembre à l'Hopital auxiliaire n°106 de Villers-Cotterets (Aisne) des suite de blessures de guerre

ou encore

- son "pays" et homonyme Jean-Marie JEHANNO, 2e classe à de la 20e Cie, né à Colpo le 18 Mars 1887, décédé le 19 Octobre 1914 à l'Hopital Auxiliaire de Chartres des suite de ses blessures  ........

Le Caporal Réserviste Eugène GUILLOTIN aura , quant à lui, beaucoup plus de chance. Né en 1885 à Ménéac (au nord-est du département, à la limite avec les Cotes-du Nord) , il avait effectué son Service militaire au 116e RI du 09 Octobre 1906 au 25 Septembre 1908 . Rappelé au 316e dès ce mois d'Aout , il allait participer à tous les combats avant d'intègrer en Juin 1915 le 8ème BCP dont le dépôt était  à Luçon . Blessé une première fois  le 15 Septembre 1914 à Moulin-sous-Touvent, il va être soigné à l'Hopital Temporaire  installé dans le collège Vannetais  "Jules-Simon" avant de rejoindre le dépôt du 316e. De nouveau blessé à Auberive  le 25 Septembre 1915 , il sera alors soigné à l'hopital de Rochefort/Mer.  Il connaitra encore une nouvelle période d'hospitalisation à la mi-Janvier 1918 à Toul avant de revenir "au pays" en Mars 1919, date de sa démobilisation, avec le grade de Sergent. Eugène a été décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze et de la Médaille Militaire.

(En remerciement à LOIC "1386" des Côtes-d'Armor pour son travail sur le 316e , nos premiers et fructueux échanges, et en mémoire de son GP Eugène GUILLOTIN).)

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13 août 2005

DANS LA PRESSE LOCALE (3)

EDITION DU DIMANCHE 09/08/1914 

MOBILISATION A VANNES

- Le 316e d'Infanterie de réserve est parti au cours de la nuit de vendredi dans la direction de PARIS ainsi que 24 gendarmes à cheval et 10 gendarmes à pied.

- Jeudi matin 17 Allemands faisant partie du personnel du cirque l'"AMERICAN CIRCUS" ont été arrêtés comme suspect de porter atteinte à la défense nationale.

- Un caporal réserviste du 116e, nommé JOSSIC, originaire de MORLAIX, essayait son fusil quand la gachette se déclancha et une balle le blessa au mollet. JOSSIC a été conduit à l'hopital où il a reçu les soins nécessaires. Son état n'inspire pas d'inquiétude

EDITION DU VENDREDI 14/08/1914

DEPART DES TROUPES

Le 28e d'Artillerie a quitté VANNES en 3 détachements. A cette occasion le quartier avait été décoré de drapeaux et les canons étaient ornés de drapeaux

EDITION DU DIMANCHE 16/08/1914

L'ETAT DE SIEGE A VANNES

- Le 85e territorial a commencé sa mobilisation. Il quittera VANNES dans la nuit de dimanche à lundi

- Un sujet allemand, venant d'Angleterre, a été mis en état d'arrestation.

7 août 2005

DANS LA PRESSE LOCALE (2)

EDITION DU SAMEDI 08/08/1914

LA MOBILISATION A VANNES

La mobilisation se poursuit avec ordre et méthode. L'esprit des réservistes est excellent. Chacun sait que le moment est solennel; il est agacé, énervé par toutes les attaques indirectes de l'Allemagne. On voudrait en finir une bonne fois pour toute. Partout on constate une résolution froide, courageuse, mais la confiance est extrème dans le succès de nos armées.

La grille de la cour de la gare est fermée et gardée par des sentinelles : elle n'est ouverte que pour les besoins du service militaire. Des trains se succèdent et déposent leurs voyageurs mobilisables dans la cour où des officiers et des sous-officiers les rangent; d'autre part le commissariat de police est constamment envahi par un grand nombre d'étrangers qui font régulariser leur situation. Devant la grille de la gare, un gamin d'une quinzaine d'années s'est avisé de crier : "A bas l'armée !". Il a été houspillé puis conduit au poste.

Ce même-jour, figure au chapitre des faits divers :

SUICIDE D'UN OFFICIER

Mardi matin, vers 10H, Mr Victor DIO, agé de 45 ans, officier d'administration d'artillerie, qui habitait Rue Hoche, 6, s'est tiré un coup de révolver dans la tête.La mort a été instantanée et le cadavre transporté à l'hopital.C'est l'une des premières victimes de la guerre. En effet, Mr DIO avait été surmené par les travaux de mobilisation. Son état mental s'en était fortement ressenti. Cette raison seule explique le geste fatal de cet officier qui jouissait de l'estime de tous .

6 août 2005

DANS LA PRESSE LOCALE

Les articles ci-dessous cités - et les suivants -, extraits du Journal "LE NOUVELLISTE DU MORBIHAN" dont la rédaction était installée à Lorient, sont parus sous la rubrique "ARRONDISSEMENT DE VANNES".

(Source : Archives Départementales du Morbihan)

EDITION DU JEUDI 06/08/1914

POUR LES TRAVAUX DES CHAMPS

Mr le Maire de VANNES vient d'aviser les maires des environs qu'un certain nombre d'ouvriers et d'ouvrières se trouvant sans emploi à VANNES accepteraient volontiers d'être occupés aux travaux des champs. Toutes les offres seront reçues à l'hotel de ville.

LES FOURNEAUX ECONOMIQUES

Le Conseil Municipal, réuni d'urgence dimanche dernier, a décidé de réouvrir les fourneaux économiques dès que les locaux où ils fonctionnaient d'ordinaire ne seront plus occupés par les troupes, c'est-à-dire dans quelques jours.

Il est mis à disposition du Bureau de bienfaisance un crédit spécial pour lui permettre de distribuer des secours.

LA FIEVRE PATRIOTIQUE

Est-il trop tard pour rappeler l'émotion intense des Vannetais et Vannetaises samedi soir, au moment de la retraite aux flambeaux ? Nous ne le pensons pas. La musique joua successivement la Marseillaise, l'Hymne Suisse, le Chant du Départ, les Girondins, Sambre et Meuse, etc., tous chants frénétiquement applaudis par une foule immense

Cette même foule s'est rendu sur la place du Marché au Seigle et a manifesté devant la demeure du général commandant la division, en criant :"Vive la France ! Vive la République ! Vive l'armée !". Le général a paru au balcon et a harangué l'assistance. Ses paroles, toutes empreintes de patriotisme et de confiance furent saluées par des tonnerres d'applaudissement.

UN ANTI-MILITARISTE 

Dans l'après-midi de samedi, au moment où la foule circulait dans les rues très animées, le manoeuvre Louis-Marie HAZO, 37 ans, s'est avancé vers un officier et lui a crié sur un ton narquois :"A bas l'armée !".Aussitôt saisi par quelques concitoyens HAZO, après avoir passé la nuit au violon a comparu dimanche matin à 11 heures devant le tribunal correctionnel siègeant en flagrant délit et a été condamné à 10 jours de prison sans sursis.

LA MOBILISATION A VANNES

Dimanche et lundi, les préliminaires de la mobilisation générale ont continué dans le plus grand calme. Un grand nombre de chevaux ont été requis et amenés à VANNES par leurs propriétaires.

Tous ces jours derniers des automobiles, des voitures, des chariots chargés de vêtement d'uniforme, d'équipement, de matériel de toute sorte ont circulé dans les rues.

Lundi, le capitaine de gendarmerie, le maréchal des logis-chef, le brigadier et plusieurs gendarmes ont quitté VANNES pour diverses destinations.D'un autre coté, le 35e d'Artillerie est parti dimanche pour REDON.

L'affluence des réservistes mobilisables a été grande à la gendarmerie, à la Mairie et au bureau de recrutement en vue de régulariser leur situation. Toutes ces démarches sont effectuées dans le plus grand calme.

La plus grande partie des soldats du 116e ont, pour faire place aux réservistes, quitté leur caserne et sont logés chez l'habitant.

CHEZ LES SAPEURS-POMPIERS

Toutes les mesures ont été prises par l'Administration pour parer à l'absence des sapeurs pompiers appelés sous les drapeaux par suite de la mobilisation.

5 août 2005

LE DEPART VERS L'EST

Les soldats du 116e RI, au moment de la déclaration de guerre, sont donc en garnison à VANNES avec un bataillon détaché à MORLAIX et 2 compagnies à AURAY. Le régiment dont la devise est "Cent seizième de ligne : autour de ton Drapeau" et qui, en 1918, recevra la citation "Beau régiment, plein d'allant, d'un mordant remarquable" est composé presqu'exclusivement de Bretons Morbihannais ainsi qu'un petit contingent de Loire-Inférieure et auxquels se mêlent des Vendéens et quelques Parisiens.

L'HISTORIQUE du Régiment ne décrit que succintement cette première semaine :

« La mobilisation, commencée le 2 Août, se passe normalement, et le 7 Août, à 18H57, le premier échelon du régiment s’embarque en gare de VANNES, salué par les exclamations de la population et par les autorités de la ville. Après un long voyage, via REDON, NANTES, ANGERS, LE MANS, VERSAILLES, JUVISY, MEAUX et REIMS, le régiment débarque dans la soirée du 9 Août à GRAND-PRE (Ardennes) et cantonne, les 9 et 10, à AUTRUCHE et AUTHE »

Jean-Marie RIO, Caporal à la 2e Compagnie du 116e RI, commence son "CARNET DE MA CAMPAGNE" en cette même journée du 9 Août. On notera une divergence quant à l'heure d'arrivée...

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" Dimanche 9/8 - AUTRUCHE

Vers 11 heures, nous débarquons à la gare de Grand-Pré. Là nous faisons la grand halte dans une vase prairie à proximité de la voie.

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A 11 heures et demi, le campement, prenant les devants sur la colonne, va préparer le cantonnement à AUTRUCHE, village situé à environ 15 km de Grand-Pré. Il fait une chaleur étouffante, la marche est très pénible au début; il nous faut faire des pauses toutes les demi-heures. Quelques soldats récriminent déjà contre les officiers ! Une femme nous offre de l’eau additionnée d’alcool, à notre passage, ce qui nous réconforte un instant. La vue du village d’AUTRUCHE qui se détache du milieu d’un groupe d’arbres nous redonne des forces pour achever les quelques kilomètres qui nous séparent de notre cantonnement; encore deux pauses et nous sommes à l’entrée du village. En un clin d’œil le cantonnement est trouvé : nous nous déséquipons, puis nous nous lavons, nous brossons nos effets, nettoyons nos armes et nos cuirs. Une heure après notre arrivée à AUTRUCHE, il ne paraît plus rien de la fatigue qu’a produite une marche très pénible; tous nous sommes frais et dispos. Au coucher du soleil nous visitons notre cantonnement avant d’aller confier notre corps au sommeil réparateur."

Fort heureusement la Presse Morbihannaise apportera quelques éléments complémentaires sur l'atmosphère qui règnait à VANNES en ces premiers jours d'Aout, mélangeant informations utiles et anecdotes de circonstance.

4 août 2005

LA 22E DIVISION D'INFANTERIE

A la mobilisation, le 116e Régiment d'Infanterie fait partie, comme le 35ème Régiment d'Artillerie, de la 22ème Division d'Infanterie. Celle-ci dépend du 11e Corps d'Armée basé à NANTES et commandé par le Général de Division Joseph EYDOUX (jusqu'au 10/02/1915) avec pour chef d'état-major le Colonel WEYWADA.

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Le Général EYDOUX  eydoux

Le 11e Corps d'armée est lui-même intégré à la IVème Armée placée sous le commandement du Général de Division Fernand DE LANGLE DE CLARY.

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Le quartier-général de la 22e Division d'Infanterie est installé à VANNES sous les ordres du Général PAMBET auquel succèdera le Général BOUYSSOU le 2 Octobre 1914 . Elle est composée, en ce mois d'Août 1914 :

- de la 43ème Brigade, Q.G. à Vannes, Général DUROISEL (remplacé par le Colonel COSTEBONEL en Septembre, suite à la blessure du premier à MAISSIN), comprenant, outre le 116e RI, le 62ème R.I. de Lorient

- de la 44ème Brigade, Q.G. à Quimper, Général CHAPLAIN, comprenant le 19ème R.I. de Brest et le 118e R.I. de Quimper.

- du 35ème Régiment d'Artillerie de Campagne, Colonel ELY

- de la Compagnie 11/2 du Génie, Capitaine HUOT

- du 6ème Escadron du 2ème Chasseurs, Q.G.à Pontivy, Capitaine SAINT GAL.

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